Un fait divers de Vanves
Article vu sur le site du Parisien :
«On lui met un ou deux coups, on fait la vidéo» : aux assises, un des accusés raconte l’enlèvement avec demande de rançon
Cinq hommes comparaissent devant la cour d’assises
des Hauts-de-Seine pour avoir kidnappé un jeune homme, à Vanves, puis transbahuté entre le Val-de-Marne et l’Essonne, en 2018. Le principal accusé assure avoir agi sur commande mais les dessous de l’affaire demeurent nébuleux.

Une dette de poker et un mystérieux commanditaire. Ainsi faudrait-il comprendre le violent kidnapping d’un jeune homme, à Vanves, en juin 2018. Un enlèvement avec séquestration et demande de rançon, dont cinq hommes répondent depuis vendredi et jusqu’à la fin de la semaine devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Cinq accusés de 27 et 28 ans, des connaissances du Val-de-Marne qui fréquentaient pour certains Le Purple, un bar à chicha d’Ivry-sur-Seine.
Aujourd’hui dans le box des accusés, Youssef K. gérait cet établissement à l’époque des faits. Le Purple, où le plan a été en partie échafaudé, sur instruction du « commanditaire » dit-il. Le Purple, où la victime passait quelques soirées, comme celle du 22 juin 2018, juste avant d’être enlevée dans le parking de sa résidence, à Vanves.Lundi, la victime a raconté devant les jurés comment trois hommes se sont jetés sur elle alors qu’elle venait de garer son TMax, vers 3 heures du matin. Une détonation a retenti et en rien de temps, le jeune homme a été jeté dans le coffre d’une Clio, ligoté. Puis les kidnappeurs l’ont trimbalé de l’Essonne au Val-de-Marne, de Corbeil à Valenton, à Fontainebleau (Seine-et-Marne), puis encore à Valenton… L’otage est resté prisonnier près de quinze heures.
Une rançon de 60 000 euros
Emmené dans un bois, il a eu la peur de sa vie. Youssef K., désigné comme le chef des opérations, racontait la scène, ce mardi : « On lui demande de se déshabiller, il refuse. On lui met un ou deux coups, on fait la vidéo ». Une vidéo montrant la victime en caleçon, mains liées, une arme sur une tempe, le visage en sang et entourée de ses geôliers, postée via Snapchat au frère de l’otage. Avec une demande de rançon de 60 000 euros. « Après, on l’a remis dans la voiture et on est parti à Corbeil, aux Tarterêts. Le frère, il ne répondait pas. »
L’intéressé a découvert les images dans la matinée, a été appelé et s’est entendu dire que faute de rançon, on couperait un doigt de son frère chaque demi-heure. Effaré, il a bien cherché à rassembler de l’argent mais s’est ravisé pour se rendre au commissariat. Puis, peu avant 19 heures, la victime a débarqué au commissariat de Boissy-Saint-Léger, en sang et en panique.

Un peu plus tôt, le jeune homme avait pu s’échapper de la voiture alors stationnée à Valenton, après qu’un passant l’a vu enfermé à l’intérieur. Ses ravisseurs venaient de s’absenter. « Quand on a compris que le voisin appelait la police, on a pris la fuite », reprend Youssef depuis le box, tenant à convaincre que c’est lui et ses complices qui ont rendu la liberté à l’otage.
Pressé de dire qui est le commanditaire, l’accusé s’y est fermement opposé : « Tout le monde ici a peur de dire son nom », affirme-t-il. Même la victime et son frère. « Ils savent qui c’est, assure Youssef. Moi, on m’a dit que la victime avait une dette aussi. » Ce que l’enquête n’a en rien mis au jour.
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