Emmanuel DELMAS, le sommelier de Vanves, a répondu à une interview suit au lancement de son livre
(Ré)apprendre à apprécier le vin

Emmanuel Delmas connaît son métier. Sommelier expérimenté, il investit désormais toute son énergie dans la promotion du vin. Pédagogue, il cherche à mieux faire connaître le vin et ses subtilités, afin que le plus grand nombre puisse en profiter. Dans ce livre, qui s’adresse aux débutants curieux comme aux amateurs, il donne des explications, raconte des anecdotes et donne des conseils bien utiles. Blogueur sur Le Blog du Sommelier, il est aussi passionné que passionnant ! Rencontre.
En 2012, vous aviez déjà publié un livre sous le même titre. S’agit-il d’une réédition ou en avez-vous profité pour tout changer ? Est-ce un livre pour les débutants, ou pour les connaisseurs qui veulent approfondir le sujet ?
Il s’agit d’une réédition complétée de 60 pages, sur le service du vin, sa conservation, le carafage et la décantation, mais aussi sur les défauts du vin, ainsi que deux terroirs supplémentaires, Morgon et Bordeaux. Ce livre est vraiment destiné à ceux qui sont curieux et désirent avancer, mieux comprendre le vin et, surtout, l’appréhender d’une manière bien plus constructive. En revenant à la source, en mâchant le vin, afin de mieux le « lire ». Je sais que pas mal de professionnels et de connaisseurs l’ont lu, tout comme de nombreux débutants. Il se destine donc en priorité aux curieux, futurs passionnés donc, et aux passionnés, qu’ils soient débutants ou pros.

Vous avez été sommelier pendant quinze ans dans plusieurs grands restaurants, avant de vous mettre à parler de vins, par l’écriture et la formation. Pourquoi avoir changé de métier ?
J’ai davantage fait évoluer ma conception de mon métier que changé de métier. J’avais fait le tour de la question de la sommellerie et je voulais surtout rendre le vin enfin accessible. Toucher les gens et, surtout, leur donner les moyens d’activer certains leviers de compréhension. Par l’écriture, mais aussi par la formation, par mes animations de dégustation,…
Sur Le Blog du Sommelier, vous donnez toutes sortes de conseils, partagez des coups de cœur, présentez des régions vinicoles ou des domaines, mais aussi des suggestions d’accords mets-vins, etc. Qu’est-ce que ça vous apporte ? Écrire pour un blog ou pour un livre, est-ce différent ?
Écrire un blog ne se calcule pas. Cela ne fonctionne que s’il se lance spontanément et sans aucune arrière-pensée. En 2005, je me lance sans réfléchir sur Overblog, la plateforme qui était toute récente, et sans aucune connaissance informatique ! Trois articles hebdomadaires ! Ma bulle d’oxygène en somme. Puis, en 2014, je décide de freiner car je ne pouvais plus continuer à ce rythme fou. Désormais ce n’est qu’un article par semaine, davantage en septembre et décembre. S’il est source de plaisir, il ne m’apporte rien financièrement mais me donne, à long terme, une certaine visibilité. Le lectorat se densifie et logiquement, je reçois de plus en plus de sollicitations de la part des médias. Je dirais que le blogging et les réseaux sociaux, où je suis très actif, sont ma « prospection ».
Le blog est libre, le ton naturel, et on y met plein d’images si besoin, ce qui le rend plus facile à lire. Le livre me semble plus impactant, sérieux. Le ton ne fut pas si facile à trouver mais, grâce au blog, j’ai pu y parvenir plus rapidement. L’approche est différente, évidemment, car écrire 240 pages réclame une constance, un sérieux et une passion sans faille…
Quels sont les points forts de votre livre ?
Je dirais la sincérité, l’engagement que j’y mets et, surtout, le fait qu’étant formateur depuis dix ans, je pense être parvenu à aider le lecteur à enfin comprendre la manière la plus constructive de déguster le vin. En lui permettant d’être davantage curieux vis-à-vis du monde vivant qui entoure la vigne, les vignobles. En lui faisant prendre conscience que tout est lié, logique, naturel (ou presque), dans le vin. La notion de terroir n’aura plus trop de mystères pour lui, sa compréhension s’élargira. Et, surtout, le lecteur comprendra que « mâcher » le vin est bien plus naturel et autrement plus efficace. Pour la première fois, il constatera qu’en dégustant ainsi un vin, il ira plus loin, ressentira bien plus de choses… Je pense que ce livre le touchera car il lui permettra d’ouvrir bien des portes et d’activer un maximum de leviers de compréhension sur le sujet.
Diriez-vous que le vin n’est pas juste une boisson (raffinée), que sa dégustation et sa consommation sont des pratiques culturelles à part entière ?
Le vin offre un plaisir unique, surtout si on parvient à en saisir les subtilités. Prendre plaisir est simple, certes, mais on peut le démultiplier dès l’instant où on arrive à capter tout son potentiel. Oui, je pense que les initiés, curieux et passionnés du vin peuvent aller loin, très loin dans le plaisir, mieux encore dans l’émotion. Avec le vin, on parle souvent de géographie, de géologie, de climatologie, d’histoire et de tant d’autres choses si intéressantes !

Votre livre est illustré de nombreuses photographies de Fabrice Leseigneur. Au-delà de ses saveurs, le vin est donc aussi un plaisir visuel ?
Quand vous dégustez un vin, vous pouvez, vous devez, l’imaginer dans son contexte, penser au sol, à la végétation, à la géographie, à la climatologie et à la météo, aux reliefs, etc. Le visuel du vin semble illimité en fait… Il sait nous faire voyager !
Avez-vous d’autres projets d’écriture sur le vin ? Un second livre ?
J’ai reçu quelques propositions, mais je ne suis pas intéressé pour le moment. C’est tant d’énergie… Pourquoi pas disons dans dix ans, pas avant ! Quoique… Sait-on jamais ? Sur les accords entre mets et vins, peut-être ?
Entre nous, auriez-vous un ou deux tuyaux d’excellents vins à prix démocratiques ?
Soyez juste curieux, laissez-vous surprendre, et écoutez les conseils souvent avisés des véritables cavistes indépendants de proximité! Quand on ne sait pas, on se laisse conseiller. Pour moins de dix euros, le choix reste vaste, écartez-vous des sempiternels vins classiques, pour vous tourner toujours vers des vignerons « jardiniers de la vigne », sélectionnés pour vous par de vrais professionnels passionnés du vin. Ils ne sont pas si loin de vous, entre les blogs, les magazines, et les vrais cavistes (hors Nicolas et grande distribution, donc), le choix est vaste et il existe de nombreuses possibilités de trouver de jolies pépites à moindre coût (mais plus de 6€), mais cela se mérite.
Vins, leçons de dégustation, d’Emmanuel Delmas, avec des photographies de Fabrice Leseigneur, Éditions de La Martinière, 240 p., 17,9 €. ISBN : 9782732471457.
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