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Manger bio et local : «Le développement de l’agriculture biologique doit s’accélérer»

>Île-de-France & Oise>Essonne|Cécile Chevallier (@ChevallierCcile)| 15 juin 2019, 7h57 | MAJ : 15 juin 2019, 9h37 |2
Pour Laurent Marbot, les magasins coopératifs doivent se multiplier pour rendre le bio accessible. LP/Cécile Chevallier
 

Pour Laurent Marbot, maraîcher bio à Boissy-sous-Saint-Yon (Essonne) et président du Groupement d’agriculteurs biologiques d’Ile-de-France, le développement du bio passe par la multiplication des Amap et des magasins coopératifs.

Laurent Marbot est dans le bio depuis près de 20 ans. Installé à Boissy-sous-Saint-Yon avec Jérôme Leduc, ce maraîcher cultive des fruits et légumes sans produits chimiques depuis 2001 sur 4,5 ha. Actif dans la défense de l’agriculture biologique, il a pris en 2018 la présidence du Groupement des agriculteurs bio d’Ile-de-France (GAB).

Quelle est la situation de l’agriculture biologique en Ile-de-France ?

LAURENT MARBOT. En 2018, les surfaces cultivées en bio ont bondi de 30 %, et à l’exception du Val-d’Oise, elles augmentent dans tous les départements (+ 40 % en Essonne, + 30 % en Seine-et-Marne et dans les Yvelines et + 8 % en petite couronne). Nous comptons 362 fermes bio pour près de 20 000 ha, soit 3,5 % de la surface agricole totale en Ile-de-France. Il y a très longtemps qu’on rêvait de dépasser les 2 %.

Vous ne criez pas victoire pour autant…

L’Ile-de-France est une, si ce n’est LA région où il y a le moins de paysans bio. Plus de 300 fermes pour 12 millions d’habitants, c’est très insuffisant. D’autant que c’est en région parisienne que l’on trouve la plus forte demande des consommateurs en produits bio.

Comment cela peut-il évoluer ?

En convertissant de plus en plus de surfaces. Depuis quelques années, le bio gagne en crédibilité. Des agriculteurs conventionnels assez gros ont passé le cap. Ils s’y épanouissent, tant d’un point de vue économique que sociétal. C’est très important, car cela peut faire des émules. Mais beaucoup d’exploitants conventionnels hésitent car ils sont sur des surfaces très importantes.

En Ile-de-France, le bio s’est particulièrement bien développé grâce aux Amap (associations pour le maintien à l’agriculture paysanne). Quel est votre regard sur ce réseau ?

Il permet à beaucoup de paysans de s’installer. Depuis 2006, je vends mes légumes en Amap à Vanves (Hauts-de-Seine), tandis que mon associé Jérôme Leduc vend en direct à la boutique de la ferme. Au début, j’étais en contrat avec 50 familles pour 50 paniers à 15 euros, je travaille désormais avec 170 familles pour 90 paniers à 22 euros, avec une distribution hebdomadaire. Les Amap, c’est une révolution : un système équitable pour nous les paysans, car nous sommes sûrs d’être rémunérés convenablement et pour les consommateurs qui ne payent pas le bio à des prix exorbitants.

L’avenir c’est donc la multiplication de ces Amap ?

Il faut continuer bien sûr. Mais à titre personnel, je pense que l’essor du bio passera par des magasins coopératifs, qui s’appuieront sur des fermes coopératives. On ne peut pas attendre 50 ans avant de changer nos modes de consommation et d’exploitation, il y a urgence pour l’environnement. Il faut accélérer le rythme.

C’est pour cette raison que vous êtes impliqué dans la Ferme de l’Envol à Brétigny-sur-Orge (Essonne) ?

Le GAB IDF est investi dans le projet « Sésame » qui prévoit la création de 100 fermes bio en 10 ans. À Brétigny, il s’agit de mener la première ferme pilote sur 75 ha en polyculture et élevage biologiques sur une partie de l’ancienne base aérienne 217. Cela devrait permettre au bio de changer d’échelle. Car on a des surfaces plus grandes, plus de paysans, plus de clients (des consommateurs, des restaurateurs, de la restauration collective…). Il faut que cela conduise à une transition plus globale.

La grande distribution ne permettrait-elle pas au bio de prendre de l’ampleur ?

Pour ce projet sur la base aérienne de Brétigny, nous avions des discussions avec deux grands groupes. Leurs services de recherche et développement étaient séduits par ce qu’on leur proposait : être payés au prix de production. Mais les deux directions ont refusé car ils veulent du bio calibré, lavé, emballé sous vide… Pas du tout notre vision.

Les collectivités ont-elles un rôle à jouer ?

Tout à fait. L’accès au foncier, en particulier pour des gens comme moi, qui ne sont pas fils de paysan, c’est quasi impossible. De plus en plus de communes proposent des terrains pour l’installation de producteurs bio. La Ville de Paris pourrait très bien investir dans des villages de grande couronne qui n’ont pas toujours les moyens pour installer des paysans bio qui approvisionneraient les habitants de la capitale. On pourrait imaginer de l’élevage en grande banlieue, du maraîchage en petite couronne et aux abords de Paris, et entre les deux des céréales. L’autonomie n’est pas pour demain, mais le bio doit se penser à l’échelle francilienne.



16/06/2019

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