VANVES ACTUALITE

DIMANCHE 14 JANVIER 2018. Où il est question de Vanves et des "céramiques du Quercy"

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La fabuleuse épopée des « Céramiques du Quercy »

De 1947 à 1992, une épopée économique et artistique s'est développée à Cahors avec « Les Céramiques du Quercy » ; atelier de fabrication de céramiques, fondé par Jacques Thiveaud. Retour sur une page marquante de l'histoire locale, à plus d'un titre...

Les bien nommés « Les trois moustachus », avec de g. à d. Pierre Nouyrit, Christian Piganeau et Jacques Thiveaud.

 

À l’occasion de la parution de l’ouvrage mémoire (1), signé de François Thiveaud, fils du fondateur des Céramiques du Quercy, remonte au goût du jour la belle histoire d’une équipe soudée par une passion commune pour l’art et bien davantage.

L’intuition et le talent

Alors qu’il avait intégré l’école d’agriculture de Purpan-Toulouse, se destinant à devenir agriculteur sur les terres familiales de Palouqui, au pied du château de Castelnau-Bretenoux, Jacques Thiveaud se voit contraint d’interrompre ses études ; le jeune homme veut à tout prix échapper au STO (2). Il se réfugie alors dans le nord du Lot, aux alentours de Lamativie, où il coupe du bois pour le Maquis. Victime d’une poliomyélite, il est soigné à Saint-Céré où il demeure plus d’une année. Il sympathise à ce moment-là avec plusieurs personnalités avec lesquelles il entretiendra une grande amitié : Pierre Richard, son médecin, Jean Birouste enseignant, les Dr Louis Sauvé, Henri Gilles… Au sortir de la guerre, ils rêvaient tous de l’avènement d’un monde sans guerre, où l’abolition des frontières favoriserait la paix universelle.

En 1945, âgé de 22 ans, Jacques Thiveaud épouse Odette et en 1947, après sa guérison, ses talents artistiques déjà reconnus, lui valent d’être embauché dans un atelier de céramiques des Hauts-de-Seine. Avec son épouse et Jean-Marie leur premier enfant, la famille s’installe à Vanves. Il perfectionne son savoir-faire de céramiste auprès du Centre National des Arts et Métiers et s’inscrit à la Chambre des céramistes de Paris. Cependant, la nostalgie du Quercy prend le dessus et la famille opte pour un retour dans le Lot.

Une équipe complice

C’est dans ce contexte que vont naître en 1948, « Les céramiques du Quercy ». Dans un premier temps, l’atelier ouvre ses portes à Cahors, rue Brives. En 1950, il sera installé rue Saint-Barthélémy. Deux scouts viennent alors rejoindre Jacques Thiveaud : Pierre Nouyrit âgé de 16 ans et Christian Piganeau âgé de 20 ans. Ce trio, le bien nommé « Les trois moustachus », va constituer une équipe de choc, qui se retrouve après les heures de travail pour partager une passion commune pour le chant, le théâtre et la musique.

En 1960, les ateliers qui ne cessent de prendre de l’ampleur, s’installent sur les hauteurs de Cahors, à Arnis ; un ancien orphelinat laissé à l’abandon, qui deviendra un lieu magique de rencontres et d’échanges autour des arts. Jacques, Pierre et Christian se tailleront chacun en leur domaine une spécialité dans le modelage, le tournage et l’émaillage, qui assoira le développement de l’entreprise durant 40 ans.

Des années 60 à 75, l’équipe s’élargit de la présence ponctuelle d’Odette Thiveaud, Marie-Madeleine Bouet, Simone Lemblé, coloriant au pinceau et aux oxydes tous les dessins de Jacques. En 1973, l’équipe s’étoffe de François, deuxième enfant de Jacques et Odette. Une collaboration est même un temps apportée par les moines du monastère de Tournay. Plus encore, l’équipe forme des apprentis qui ouvriront à leur tour des ateliers dans le Tarn, en Alsace, à Bergerac, à Pontoise…

Des talents éclatants

Jamais à court d’idées, l’équipe enrichissait son développement à travers ses contacts, relations amicales, sportives, artistiques… Outre son sens de l’accueil, l’atelier d’Arnis était réputé pour ses capacités de réalisations techniques et artistiques d’objets en tous genres.

Dans les années 1980, le contexte économique se modifie, ce qui n’est pas sans conséquences sur les productions ; la demande de la clientèle change et la concurrence étrangère fait rage ; les fabrications de petites séries obligent à une reconversion. Des contacts auprès des PME pour des cadeaux d’entreprise en vogue à cette époque, ont permis de poursuivre l’activité. En accueillant François, l’atelier élargit son champ de compétences, notamment en matière de sérigraphie. Le benjamin ouvre un nouveau champ de fabrication à partir de décalcomanies, aussi bien pour la porcelaine que pour le verre et la cire : fabrication de milliers de chromos pour les bougies décoratives Fénelon à Cahors, pour la porcelaine Virebent à Puy-l’Évêque…

Des commandes tous azimuts

De 1975 à 1992, l’atelier atteint son apogée avec des productions en tous genres ; une commande des fédérations d’anciens combattants des maquis du Lot pour la réalisation des faïences, symbolisant les flammes du mémorial de la Résistance au moulin de Lamothe, plusieurs tables d’orientation à Bélaye, Albas, Luzech, Mayrac…, et celle semi-circulaire en lave émaillée de plus de 6 m installée à Trois-Rivières, en Martinique. Sortent également des ateliers des séries originales de tous ordres : cruchons, services à foie gras, terrines, assiettes de présentation, canards et une oie d’un mètre de haut qu’on retrouvera dans plusieurs départements du Gers à l’Alsace. Font florès les fruits exotiques de Catherine Théodose, une artiste antillaise…

Alors que rien ne semblait pouvoir contrarier le rayonnement de cet atelier de grande notoriété, les difficultés rencontrées dans le cadre de sa transmission tant sur le plan administratif, commercial que de la gestion, ont fait que la grosse porte encadrée de deux cyprès, emblème des céramiques du Quercy, s’est refermée en septembre 1992.

Fin d’une formidable histoire humaine, technique et artistique, à l’image des personnalités, Jacques (décédé en 2004), Christian, Pierre, François et Odette (décédée en 2015).

 

JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

 

(1) « Les Céramiques du Quercy 1947 -1992 » : ouvrage de 60 pages fourmillant de photographies, racontant l’histoire de cet atelier mythique, disponible au prix de 20 € à l’adresse suivante : François et Mado Thiveaud – Domaine d’Arnis – 46 000 Cahors.

(2) Le service du travail obligatoire (STO) fut, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, la réquisition et le transfert vers l’Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français contre leur gré, afin de participer à l’effort de guerre allemand.

 

De magnifiques pièces, devenues aujourd’hui introuvables !
L’art de la table et des séries décorées à la main.

 



14/01/2018

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