« Bartholdi, portrait intime du sculpteur » : les responsables du musée de Colmar, installé dans la maison natale d’Auguste Bartholdi, n’ont pas eu besoin de réfléchir longtemps au titre de leur exposition inaugurée le 14 octobre et visible jusqu’au 31 décembre 2018. C’est exactement celui du livre, paru il y a un an, que l’historien belfortain Robert Belot a consacré à l’artiste. Mieux : son ouvrage sert de catalogue, ce qui est peu courant. En fait, l’exposition révélatrice des côtés obscurs de ce personnage, dont on connaît plus les œuvres que la vie, est issue de deux années de travail préparatoire nécessaires à la rédaction du livre.

« Nous montrons en vrai une partie des objets et des documents représentés à travers les illustrations de l’ouvrage », explique-t-on au musée Bartholdi, « ils étaient jusqu’ici dans nos réserves ou nos archives. De même, plusieurs explications sur panneau s’inspirent de quelques chapitres où Robert Belot dévoile l’enfance et les relations familiales du sculpteur. »

Déjà auteur d’une première biographie en 2004, l’historien belfortain a mené une véritable enquête policière pour aller plus loin : « J’ai travaillé à partir de nouveaux documents, comme les carnets de sa mère, les lettres de son frère avocat et celles de son épouse. J’ai même retrouvé son testament aux archives nationales, qui n’avait jamais été exploité. » Il en ressort des relations compliquées, le grand sculpteur se démenant entre une mère dominatrice et exigeante, un frère devenu fou qu’il visite régulièrement en secret à l’asile de Vanves, et une épouse désargentée qui triche sur son âge et son état civil.

L’exposition de Colmar permet également de mieux visualiser l’engagement franc-maçonnique d’Auguste Bartholdi au sein de la loge Alsace-Lorraine où il côtoie ses amis Erckmann et Chatrian, le fameux duo littéraire qu’il a sculpté. « Le politiquement correct de l’époque a perduré au-delà de ses œuvres », ajoute Robert Belot, « et la mémoire collective a fini par anesthésier la vérité alors que Bartholdi a dû se battre pour imposer ses œuvres majeures comme la statue de la Liberté à New York et le Lion de Belfort. »

Du mercredi au lundi, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h.

François ZIMMER